Chapitre 2. – Le gibier

Une série de feuillets volants de la campagne de jeu de rôle « … de Grands Héros dramatiques ? Juste des fous (du roi) ! » (cercle rôlistique privé).

[Alphonse Daudet a dit : « Du reste, ce fragment de ma vie que je passe sous silence, le lecteur ne perdra rien à ne pas le connaître. »]

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uaervaftnecniv
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CHAPITRE 2.

(Le gibier)
Le Monticule – Circa 1029 dN, Mois de la Tristesse

Après trois semaines d’engelures, de crevasses, et au prix de vives souffrances, l’errance – jusque-là, une promenade de santé – touchait à son but pour les Héros de l’Hégémonie et le vieux briscard jeunement Porteur. Les polacs se plaignaient, le fouet claquait, et l’un des deux cochers encore à peu près vivants jurait. Le vent glacial de l’aquilon, bien connu des tribus thunks qui ont abandonné l’errance et rejoint les voies de l’égarement (les autres tribus, les sages et prudentes, évitant ces lieux et ne s’autorisant jamais à frôler la puanteur du Néant), n’avait de cesse de souffler au coeur des territoires sur lesquels le conflit contre les Piorads s’enlisait depuis des siècles, pénétrant les esprits et pelant les corps jusqu’à la moelle des os. Le Monticule ! La dernière frontière avec les Royaumes des rois du Nord, la forteresse naturelle que s’étaient choisie les Thunks pour affronter les Piorads, pied à pied, se dressait fièrement devant eux.
Asbjörn, l’exilé, l’ancien soldat de l’Ost de la garde royale de Rockford, parmi les réminiscences confuses de son Dieu, se remémora les nombreux rapports des skalds sur les vaines tentatives du roi de Byrd pour y étendre son royaume : malgré leur discipline et leur expérience, jamais les guerriers piorads n’avaient réussi à y prendre position, tant le terrain favorisait les embuscades et les coups fourrés ; hautes collines et petites montagnes, le secteur regorgeait de cachettes, de grottes étroites et de pistes dissimulées. Sans négliger les abats de neige, les blizzards.

❍ ❍ ❍

Imperceptiblement, au chant assourdi des branches des sapins s’entrechoquant se hurlaient en crescendo quelques grognements menaçants… L’alpha les avait conduits jusqu’ici. Elle appelait à la vengeance divine.
L’hiver dernier, le Néant avait pris son compagnon ; elle rageait de n’avoir rien pu faire pour lui, ses petits dans sa gueule, elle avait laissé les instincts maternels sauver sa portée. Et, aujourd’hui, le hors-venu et ses alliés humains avaient pris trois de ses louveteaux.
La traque serait patiente et méthodique.

Histoire_Bloodlust-Et entre-temps, des demi-siffans_Chap.2_001.png
(Le gibier)
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Rénark Raknarsson
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01 juil. 2016, 10:09

Cela faisait presque vingt ans que Rénark n'était pas revenu dans le Nord. En tout cas au moins quinze, il ne s'en souvenait plus et cela n'avait plus d'importance. Le froid le mordait littéralement. Il s'immisçait dans son poumon et le brûlait de l'intérieur, littéralement. Rénark avait oublié ce froid, mais il tenait bon, comme ses compagnons de route.
Est-ce que Déesse-Nafara l'aidait comme les autres Dieux ? Où Arme-Dieu ? Tout cela était confus, mais il savait une chose : son coeur se remplissait d'émotion depuis la naissance de Déesse-Nafara.
— « Je suis vraiment désolé de ne pas plus t'aider avec ta douleur Rénark, tu ne m'en veux pas ? » cria Déesse-Nafara d'une voix lourde d'émotion. « Je vais demander à Dieu-Valarion et Dieu-Kaÿr, je suis sur qu'ils pourront t'aider, ils savent beaucoup de chose j'en suis certaine. »
— « Hum, excusez-moi. Dieu-Valarion ? Excuse-moi de te déranger, mais je voulais savoir si tu connaitrais un moyen d'apaiser la douleur de Rénark, s'il te plait ? D'ailleurs je ne comprends pas trop, car j'ai également mal, tu sais pourquoi ? Et je me pose des questions sur les éclairs que j'ai vus pour la première fois. Dieu-Kaÿr, c'est quoi ces étranges choses avec une tige marron et pleine d'épine verte qui monte très haut dans le ciel ? Ils ont l'air majestueux. En tout cas je suis SUPER contente de partir à l'aventure avec vous, même si vous ne parlez pas beaucoup ces derniers temps. Heureusement qu'il y a Rénark. La dernière fois vous avez parlé de Néant ou de quelque chose comme ça. Je n’ai pas compris du tout ce que cela signifiait, vous pourriez me réexpliquer s'il vous plait ? » cria Déesse-Nafara sans marquer de pause.

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Asbjörn
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08 juil. 2016, 14:42

Malgré le froid cinglant du Nord, le guerrier héro d’une patrie qui n’était pas la sienne, restait stoïque sur son destrier noir. Le gel, les souffrances, la tempête, tant d’éléments qu’il avait connu, enduré ; il avait froid maintenant. Ses os – et ses excroissances - le glaçaient plus que jamais, ses ecchymoses récentes n’en finissaient plus de le lanciner et son dos restait constamment engourdi du fait des pauses trop peu nombreuses pour récupérer. Mais la fierté de fouler les Royaumes du Nord suffisait à lui faire bomber le torse. Pour combien de temps.
Les murmures ne s’arrêtaient plus, ils étaient là, en bruit de fond. Tantôt bruyants, tantôt discrets, mais toujours présents :
« Des justes… Des pêcheurs… Mon véritable Nom… Qui suis-je… Je veux… Je suis… ».
Asbjörn devait fournir un effort considérable en ce moment pour les ignorer - même si la situation l’y aidait fortement – si bien qu’il ne remarqua presque pas les doléances de la jeune Déesse Nafara. Il pensait que Dieu Valarion s’empresserait de discuter avec elle, fort de son habituelle volonté à ramener sa science. Mais rien. Il sentait l’obsession monter dans son esprit, des doutes et des pensées - qu’il savait divines - obstruaient presque sa vision. Le guerrier grommela et posa fermement sa main sur l’une des Faux qui pendait mollement contre sa jambe.
— Laisse-moi m’occuper de mener notre convoi sur cette terre glacée sans m’emmerder avec tes questions existentielles. J’ai assez à faire pour le moment !
Les murmures s’éloignèrent. Puis quelques instants plus tard, il senti la voix lourde, grave et monocorde de Dieu Valarion envahirent ses tympans :
— « Excuse-moi de ces inconvenances ma Sœur, dit-il lentement aux Armes-Dieux. Mes pensées errent parfois et j’en oublie l’essentiel. L’instant. Te voilà. Existante. La naissance Divine. Je n’en avais pas revu depuis longtemps. Et cela m’empli de joie, je te l’assure. Tu vas pouvoir découvrir ce monde par toi-même, au travers de ton bras, ce Porteur. Comme j’ai pu le faire… Ou peut-être différemment. Je te le souhaite. Tu commences sans doute par la chose la plus commune ici-bas. La douleur. La souffrance. Nous l’avons tous choisi. Arme et non objet ; mutilation et non création. Tu partageras tout avec lui. Du moment où il t’a saisi au moment où il te lâchera. Ses peurs, ses envies, ses sentiments, ses maux, ses amours… Rien ne pourra t’échapper. A part sa mort. Mais si tu as la… Chance. De posséder des capacités telles que celles de Dieu Kaÿr, alors même cela ne t’échappera plus. Il est ton jouet, ton ami, ton amant. Il sera ce que tu souhaiteras qu’il soit.
Il marqua un bref silence. Puis il reprit, toujours d’une voix lourde mais moins monotone :
— « Mais il reste un hère de chair. La douleur que tu ressens en ce moment, il la vit lui aussi comme tu l’as remarqué. Et si je connais des moyens de soigner un Porteur, je n’en ai actuellement aucun pouvoir. Peut-être que tu en as la capacité… Enfouie dans ta mémoire. Ou peut-être pas. C’est à toi de le découvrir jeune Sœur. Par toi-même. »

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Rénark Raknarsson
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18 juil. 2016, 10:56

— « Si je comprends bien, je ressens tout ce que Rénark ressent, en plus de discuter avec lui. Mais ce n'est pas un peu indiscret? En tout cas il me dit que je peux. Dieu-Valarion, tu mentionnes des pouvoirs et capacités mais je ne comprends pas, toi aussi tu sais lancer des éclairs? Moi aussi je peux lancer des éclairs? Je ne sais pas ce que c'est la mort, mais ça n'a pas l'air joyeux du tout. Quand je regarde dans la tête de Rénark et je vois plein de fois la Mort. Des mauvais hommes qui le méritent et des bonshommes qui ne le méritent pas. Des amis et des ennemis. Ça à l'air très compliqué. »
Déesse-Nafara marqua une pause, le temps d'un instant où elle contempla un majestueux sapin, sans doute le plus grand de la forêt.
— « Dis Dieu-Valarion, c'est quoi un ami et un ennemi? Est-ce que une soeur peut être une amie? »

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Asbjörn
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18 juil. 2016, 18:29

— « Voilà des questions bien philosophiques, s’amusa Dieu-Valarion. Pour te répondre simplement, nos Frêres et Sœurs peuvent être des amis ou des ennemis au grès de tes envies mais aussi des leurs. Le libre arbitre est ce en quoi je crois. Fais tes propres choix. Ils feront les leurs, sois en sûr. Ces hommes que tu vois dans la mémoire de ton Porteur. Comment juges-tu qu’ils méritent ou non la mort ? »

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Rénark Raknarsson
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19 juil. 2016, 11:56

— « C'est difficile. Il y a beaucoup d'hommes que Rénark ne connait pas. Il a donné la mort par lot ou par unité et je me rend compte que c'est moi qui tue les hommes. Pour beaucoup de combats, c'est son ennemi ou Rénark qui doit mourir. Il me dit que souvent, on doit tuer pour rester en vie. Cela signifie que protéger la vie de son porteur est très important n'est-ce pas? Ensuite Rénark veut parfois tuer des gens car ils sont méchants ou qu'ils ne respectent pas certaines traditions ou personnes.Pour certains, cela lui procure du plaisir et pour d'autres, ça le rend très triste car il ne veut pas faire ça. En fait, il veut arrêter de tuer car cela n'a pas de sens. Apparemment seul certain mérite la mort, comme l'homme qui poignarde Rénark dans le dos. C'est ça, ce n'est pas poli d'attaquer quelqu'un dans le dos donc il mérite la mort, non? Je ne sais pas si j'ai correcte. »

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Rénark Raknarsson
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19 juil. 2016, 11:57

— « Et toi Dieu-Valarion, comment tu sais si un quelqu'un mérite de mourir ou non? Tu sembles connaître la réponse. »

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Asbjörn
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19 juil. 2016, 23:02

— « Non, répondit-il sèchement. Je ne connais pas La réponse. J’ai mes réponses. Et en voici une. Je ne me préoccupe pas de la vie ou la mort d’un être si ce n’est celle de mon propre Porteur. Et je fais parfois des exceptions… Je leur laisse le soin de fomenter leurs guerres et de choisir leur propre chemin de vie ; peu m’importe. Tu apprendras peut-être à te détacher de cette communion que tu sembles ressentir avec un mort qui marche. Ou peut-être est-ce là une des aspirations de ton incarnation ici-bas ? A dire vrai, cela me préoccupe peu... »
L’Arme-Dieu s’arrêta un bref instant. Puis il reprit recto tono :
— « Qu’ils soient gardiens d’un royaume, soldats de sang, élus d’un peuple ; ils n’ont d’autres inclinations que de marcher aux côtés d’un destin qu’ils croient prestigieux, romantique, épique. Les fous. Moykala, Lucretia, Le loup gris. Ils ont tous effleuré les étoiles. Tous sont retombés lourdement de leur trône céleste. Ils sont aussi éphémères que nos sentiments. Vivre l’instant. Monotonie d’une vie. Ma Voix… »
Un hurlement, à peine couvert par le vent cinglant du nord, s’éleva soudain :
— MAIS TA GUEULE ! vociféra Asbjörn.
Il sembla un instant s’emparer de ces Faux pour les balancer mais se ravisa dans un mouvement incertain, manquant - de justesse – d’embrocher le flanc de son Chagar. Il saisit à pleine main ces armes et cria :
— Par tous les Ost et les rois, tu vas fermer ta putain de gueule et arrêter de me rabâcher tes psaumes à la con ?! On est au milieu de terres ravagées par le Néant lui-même, une tempête de neige nous accompagne ainsi qu’un loup revanchard n’attendant qu’un faux pas de notre part pour nous bouffer et tu continus à te lamenter sur le destin que vous, Dieux, nous soumettez ? Laisse-moi rire ! Sans dire qu’elle était pire, ma vie d’avant n’a rien à envier avec ce que je suis maintenant. J’ai perdu un frère… J’ai perdu des frères ! Et alors ? La vie ici est comme ça, avec ou sans vous. Alors maintenant, soit tu m’aides à trouver un moyen pour que cette tempête soit notre seul souci, soit tu la fermes !
Le Hors-venu lâcha nonchalamment les Faux qui retombèrent sur ses cuisses. Elles vrombirent quelques instants mais le silence se fit.

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Luridius
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20 juil. 2016, 14:14

Après quelques instants, Kaÿr pris la parole avec une forme d'amusement :
— « Quelle violence, Asbjörn... Mais il est vrai que c'était un long discours. Sur cette question, je m’intéresse d'abord à sauver mon porteur et sa famille, même si les résultats ne sont pas toujours probants. D'ailleurs, dès que possible, je vais devoir vous demander de m'aider sur ce point. Le combat n'est pas mon fort...»
De lourds regrets planaient dans cette phrase, peut-être accompagnés de mélancolie.
— « En tous cas, Nafara, les réponses à cette question sont personnelles, fais toi la tienne avec le temps, et prends en compte celles de tes porteurs. En attendant, cette chose avec la tige marron s'appelle un arbre, un sapin pour être plus exact. Mais Rénark devrait le savoir, non? Pour ces demandes, tu peux puiser dans sa mémoire, tu sais? »

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Rénark Raknarsson
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21 juil. 2016, 10:44

Rénark se retourna vers Asbjörn et le dévisagea longuement. Soudainement, son visage se contracta un bref instant et le mercenaire détacha les yeux de son compagnon piorad. Il se racla la gorge d'un air embarrassé :
— Est-ce que tout va bien Asbjörn ? questionna Rénark. Concernant ce loup revanchard, il faudrait nous préparer à son embuscade. Les Dieux parlent de capacités et de pouvoirs, mais mes deux seuls souvenirs sont des battements de coeurs assourdissant et l'arrivée d'une bête gigantesque et décharnée que Luridius grignotait.
Rénark laissa un silence s'installer. Il se rappela des sensations qu'il avait ressenti lorsqu'il était allongé dans la neige.
— Depuis quand les morts se relèvent? murmura très faiblement Rénark. Dans tous les cas, nous sommes blessé Asbjörn et moi et si je comprends bien, Luridius, Dieu-Kaÿr ou qui que tu sois, tu n'es pas expert dans le combat. Si nous voulons rester en vie, il va falloir combattre ensemble. S'il vous plait, compagnons, expliquez-moi vos pouvoirs ou capacités pour que nous puissions établir une stratégie offensive ou défensive.
Un petit rire aigu et espiègle se fit entendre.
— « Bien sûr, Rénark sait ce qu'est un sapin », le rire s'intensifia légèrement ; Déesse-Nafara corrigea Dieu Kaÿr avec une petite pointe de provocation : « Je voulais savoir si tu le sais, toi aussi. En tout cas tu es sorti de ton mutisme et c'est ce qui est important. Et pour ta gouverne Dieu-Kaÿr, ce n'est pas très poli de m'appeler Nafara. Je suis Déesse-Nafara, ta soeur. »
La Déesse poursuivi avec fierté :
— « Il faut savoir, mes frères, que je suis très attachée à la politesse. Je viens d'admonester Rénark à l'instant car il dévisageait avec trop d'insistance Asbjörn ».
Ceci dit, Déesse-Nafara conclut avec sérieux :
— « Sinon je suis d'accord avec ce qu'explique Rénark. Je ne connais pas mes pouvoirs mais je ne veux pas qu'il arrive quelques choses de malheureux à Rénark. Si nous pouvons partager nos savoir-faire mortel et divin, ce serait une première étape ».

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Luridius
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21 juil. 2016, 21:20

— « Mes pouvoirs sont orientés autour de la survie de mon porteur en milieu hostile. Il est capable de résister à la faim, la soif, la douleur, les poisons... mais malheureusement pas au froid, je viens du sud. L'ensemble de mes autres pouvoir n'est pas utilisable en ce moment, du ou à l'état de ce pauvre Luridius, ou au répercussions sur les alliés aux alentours. Quand à Luridius lui-même, même maintenant il reste bon artisan. C'est dire comme il était excellent. Pour le moment, je peux juste tirer correctement à l'arbalète, et elle reste létale. »

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Asbjörn
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22 juil. 2016, 11:21

— Tu fais bien de parler de lui au passé Dieu Kaÿr, dit Asbjörn avec un cynisme non dissimulé. Luridius n’est plus depuis notre rencontre avec Mouleh ; ou tout du moins, il n’est plus entier et cela devient problématique. Avec toute l’affection que je lui portais en tant que compagnon de voyage, de fortune et d’infortune, l’amoindrissement de tes capacités est dû à son état. Et si je ne peux compter sur toi dans des moments comme celui-là, nos chemins divergeront tôt ou tard, retiens le bien. Pour l’heure, même si nous devons nous contenter de cela, nous sommes trois guerriers blessés face à une bête féroce et mesquine.
Il se retourna vers Rénark :
— Tu veux connaitre mes capacités ? Je suis un soldat du nord, un hors-venu qui jadis quitta ses terres pour fuir le Néant. J’ai traversé des déserts de sels et les plaines du centre pour participer à une guerre et repousser des tribus Sekekers. J’ai chassé une abomination immortelle et je me suis battu contre un Vorh Porteuse d’une Arme aliénée. Tu veux connaitre mes capacités ? Je suis un guerrier solitaire. Le temps des raids en band est loin dans ma vie. La valeur d’un combattant ne se mesure qu’aux actes qu’il entreprend. J’ai choisi de revenir dans le Nord malgré les sentences que la Loi me réserve et ce n’est pas pour mourir face à une bête idolâtrée par les thunks. Tu connais ma détermination maintenant.
Il pointa un doigt vers la Claymore du piorad :
— Dieu Valarion n’aime pas que je parle de lui, que ce soit de ses pouvoirs ou de ses humeurs. Il pense comme moi que les actes prévalent sur les paroles, même s’il ne met jamais en application ce précepte… Et comme il est maintenant en méditation ou en train de bouder, je peux juste te dire que ses pouvoirs sont létaux et personnels. Ce que tu as vu pendant le voyage est différent de ce que nous pourrons croiser ici. Si nous sommes amenés à nous connaitre, alors nos capacités se révéleront d’elles-même. Pour le moment, je compte sur toi en tant que guerrier Rénark, pas en tant que Porteur.
Il laissa son regard de braise dévisager le piorad et repartit se positionner derrière le chariot de fer. Le hors-venu espéra intérieurement que le loup ne soit l’unique souci avant le prochain endroit civilisé.

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22 juil. 2016, 13:47

La neige était profonde et conservait les traces autant qu’elle ralentissait les hommes. Mais l’alpha sollicitait une souffrance éclatante, en récompense de ses peines, à la nécessité du mal. Elle ralentit suffisamment pour ne pas les rattraper tout de suite.
Un hurlement dans les gorges. La vindicte s'annonçait proche, mais les échos rendaient impossible sa scène exacte.
Les meurtriers de ses fils emportaient le Dieu Asa-Thor avec eux, elle l’avait senti, mais aucun d’eux ne le Portait. L’alpha ragea. Elle laisserait les dépouilles aux charognards des neiges. Elle n’avait pas faim de viande.
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23 juil. 2016, 11:40

Le sharak henni, l'odeur du sang à venir sans aucun doute.

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23 juil. 2016, 12:06

Le blizzard se levait.
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23 juil. 2016, 12:10

— « Bon, et le blizzard maintenant... » maugréa Kaÿr. « Quelqu'un a une idée pour se débarrasser de la sale bête ? Ou vous préférez attendre de croiser un village ou une ville pour se faire aider d'une manière ou d'une autre ? »

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Rénark Raknarsson
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23 juil. 2016, 12:15

Mache-joue était agité comme son confrère. Rénark lui sussura à l'oreille :
— Tu as envie d'une tendre joue de loup alpha, mon ami ?
Le sharak henni, frissonna et commença à saliver.

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23 juil. 2016, 12:52

— Le loup du Nord est une version surdimensionnée et plus agressive du loup des Plaines du Centre, heureusement pas à la hauteur du loup des Délinelles (qui lui est un loup noir, gros comme un petit mammouth, et d’une férocité qui fait passer les loups normaux pour de petits roquets agacés). Le loup dit « medianus » fait environ deux mètres vingt de long et un mètre vingt au garrot pour un poids avoisinant les cent cinquante kilos. Le loup du Nord est de la catégorie dite « superior ». Une meute peut contenir jusqu’à une vingtaine d’individus, bien que des rassemblements plus importants soient parfois repérés aux frontières des territoires thunks. Les loups font partie des rares créatures capables de tenir tête aux chagars et certaines tribus thunks arrivent à en dresser pour les faire combattre à leurs côtés. À ce sujet, je vous renvoie à mon épitome « Philosophie zoologique ou exposition des considérations relatives à l'histoire naturelle des animaux, à la diversité de leur organisation et des facultés qu'ils en obtiennent ; aux causes physiques qui maintiennent en eux la vie et donnent lieu aux mouvements qu'ils exécutent ; à celles qui produisent les unes le sentiment, et les autres l'intelligence de ceux qui en sont doués », mon second traité ethnologique, en collaboration avec le Professeur Thierry Beaudaunier, avec le soutien de l’académie Delafosse, et plus particulièrement au chapitre mentionnant « Malahou, la femme aux loups » la légende ou mystification locale.

« Donc, les loups : selon la région, des différences apparaissent entre les meutes. Une constante est l’intelligence vive, parfois surprenante de ces bêtes. Certains érudits – qui ne le sont certainement pas assez, selon moi – s’étonnent de la manière dont les loups semblent apprendre à contrer les pièges humains, à contourner leurs défenses ou à se protéger de leurs chasses. Il existe une vieille véridicité à ce sujet chez les savants zoologistes de Pôle – dont j’ai le privilège de faire partie mes chers et éminents collègues. Elle affirme que des loups particuliers, modifiés par les Elfes, existent au sein des meutes et changent leur sang comme les Hysnatons changent celui des humains.

« L’exposé et la dissection du jour auront à coeur de vous le démontrer.
Il était convenu qu’à ces mots le pauvre assistant du Docteur ès zoologie, J.B.P.A Lamarck, lèverait le voile sur le spécimen tout juste éthérisé dans sa cage renforcée ; ce qu’il fit. Malheureusement pour lui.
On constata sans doute là la démonstration et l’application d’un principe premier d’une loi de physique empirique lorsque ce – pauvre – malheureux se répandit singulièrement sur le levier qui actionnait le mécanisme libérateur des chaînes du spécimen.
L’alpha ragea !…

Malgré les évidents échecs de leur institution, l’académie Delafosse, au cours des cinq décennies suivantes, n’eut de cesse de multiplier les théories justificatrices.

FIN DE L'ENTRE-TEMPS
– Jusqu’à aujourd'hui…

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