Chapitre 1. – Du plaisir de se frotter à des jeunes femmes dénudées

Une série de feuillets volants de la campagne de jeu de rôle « … de Grands Héros dramatiques ? Juste des fous (du roi) ! » (cercle rôlistique privé).

[Alphonse Daudet a dit : « Du reste, ce fragment de ma vie que je passe sous silence, le lecteur ne perdra rien à ne pas le connaître. »]

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uaervaftnecniv
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CHAPITRE 1.

(Du plaisir de se frotter à des jeunes femmes dénudées)
Castel-les-Marches – Circa 1028 dN, Mois du Repos

— Peut être qu'un jour nous pourrons vivre heureuses dans un pays où les femmes seront les égales des hommes, peut-être qu’un jour… Mais ce pays n'existe pas encore et notre seul moyen de survie reste de nous battre chaque jour, de détruire tous les édifices patriarcaux élevés pour nous asservir, de piller et de tuer tous ceux qui osent croiser notre chemin et nos regards. Nous sommes une race guerrière, et la seule façon de mourir pour une vraie Sekeker est d'emporter le plus d'ennemis avec elle dans la mort. Lorsque que moi-même j'irai rejoindre mes soeurs au royaume de Mort, ce sera avec ce Sabre ensanglanté à la main et le corps entaillé de mille blessures, mon âme fidèle à notre cause. Me gardant bien du Néant. Je compte faire payer aux mâles tous les sévices qu'ils font subir aux femmes, celles-là mêmes qu'ils disent aimer, pour cette Pestilence l'émasculation n'est que justice. Quant à moi, le seul amour que j'éprouve, celui-là même qu’ils ne sauront m’imposer, est ma passion immodérée pour leur sang frais, leurs cris d’agonie, leurs supplications quand ma lame les achève, et surtout mon amitié sans faille pour vous mes soeurs de guerre qui hurlez avec moi les chants de Guerre de nos matriarches. Oui, nous sommes convaincues que la nature humaine préfère la paix à la guerre et à la belligérance, mais il est aussi temps de s’unir et de venger nos soeurs violées, tuées les nuits dernières. Je dis non aux hommes. Nous disons non ! Ensemble mes soeurs, d’une même voix, d’une même lame, faisons trembler les régions d’Herblay. Soyons dignes de notre nom, soyons les seules survivantes !
Lorsque qu'Arya, la chienne sacrée sang, finit de s'exprimer toutes les tribus jusqu’à lors désunies de la région du Pelant mêlèrent leurs cris de rage à la colère du ciel.
— Demain nous lèverons le camps vers la rivière Wilkes et Castel les Milles Marches. Nous sommes mille et la Famine ronge notre loi du Talion !

❍ ❍ ❍

« Mille », avait hurlé cette chienne, fût-elle sacrée sang ; mais savait-elle vraiment compter ?
Asbjörn, le hors-venu, resté seul des bons souvenirs du Néant, et son camarade d’infortune Luridius, le savant métallurgiste aux talents de traqueur nouvellement découverts, en comptabilisaient à eux deux le triple. Pas moins. Sans considérer les arrières-rangs.
Ils ne s’attardèrent pas à vérifier, leur vigilance redoutant le pire, et se laissèrent dégringoler le long de la colline. Une enfant moins engagée, moins obnubilée que ses soeurs par le discours de leur meneuse, les repéra.
L’alerte fut criée.
Leur salut immédiat ne dépendant que d’une soudaine fuite, à bride abattue, écrasés sur leurs montures, la peur au ventre, priant leurs alter ego de métal, galopant sous l’orée verte du bois, les visages fouettés par les branches aux feuillages frissonnants, eux aussi, Asbjörn et Luridius avalaient le demi polac les séparant de la ville.
Aucune flèche ne les atteignit, par chance ; l’une de leurs dernières.
Le ciel gronda quatre fois, annonciateur d’une pluie – de sang – certaine dans les heures à venir. Nul ne pourrait y échapper, tous essuieraient les déferlements d’une inconsolable affliction.
Asbjörn et Luridius cavalaient dans un monde qui fondait sur eux avec l’irréversibilité du fatum.
Le vent tournait.
« Mille », au bas mot, seraient les cadavres à dénombrer au pied des murailles et jonchant les rues de Castel-les-Marches au lendemain de cette bataille ; massacre conviendrait-il mieux d’envisager.
Par chance, la ville ne comptait pas mille habitants.

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(Du plaisir de se frotter à des jeunes femmes dénudées)
« Oui, tout est Néant
Passage, vapeur, silence
Cependant. »
 — Kabayashi Issa

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Asbjörn
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02 mars 2016, 11:13

Chevauchant, la peur se mêlait à une excitation proche de l’enivrement dans l’esprit d’Asbjörn. Il ne savait pas si c’était l’approche de l’ultime combat de sa vie d’homme ou si Dieu Valarion se délectait déjà du massacre à venir. Une chose apparaissait sûre pour lui : demain, la mort viendrait poser la main sur son épaule et l’accompagnerait dans son sillon d’âme.
Il sentit soudain son esprit s’affûter, balayant chaque possibilité de résistance, comptant et recomptant les forces en présence, se ressassant les défenses de Castel les Marches une à une ainsi que ses points faibles. Même si l’issue de cette bataille ne lui faisait aucun doute, sa rage de vaincre le poussait à assurer une résistance digne de ce nom.
— « N’est-ce pas ce que tu souhaitais ? Mourir en laissant ton nom dans l’histoire des Piorads. », lui murmurèrent ses Faux enchainées. « Certes il ne doit plus rester grand-chose maintenant dans le Nord pour faire perdurer vos légendes… Mais ça c’est du passé, nous écrivons maintenant quelque chose de nouveau. Si tu dois laisser quelque trace sur ce monde, ce sera ici, entre les furies et une ville lumière ! Et qui sait, peut-être que la douceur de la mort ne fera qu’effleurer ton être… »
Le piorad frappa le flanc de son chagar d’un coup de talon pour lui faire maintenir son allure.
Dieu Valarion poursuivit :
— « Néanmoins, il reste ce Dieu Clinquant-Foudroyant comme élément déterminant. Nous pourrons peut-être discuter brièvement avec lui sur ses intentions si ces dégénérées ne se lancent pas dans un assaut frontal trop vite… Il n’était pas très loquace la dernière fois que nous l’avions rencontré mais les choses ont changé depuis ; il y’a moins de mauvaises ondes désormais… »
Asbjörn ne répondit rien, ne pensa guère plus. Il chevauchait, plus vite encore.
— « Dieu Kaÿr ! » clama Dieu Valarion à l'attention du Keris, resté jusqu'alors bien silencieux dans son fourreau. « Je ne sais pas ce que tu comptes faire d’ici là mais comme tu peux le voir, nous resterons, mon porteur et toute sa clique pour livrer bataille ou tout du moins tenter de défendre ce lieu où les destinés semblent se croiser et s’entremêler. Je ne peux que te proposer de rester toi aussi, je ne connais rien de ton passé ni de tes objectifs mais je sens que nous partageons un certain sentiment d’attachement pour les choses qui méritent qu’on les protège. Qu’en penses-tu ? »

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Luridius
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04 mars 2016, 23:23

Luridius, pour sa part, se sentait perdu.

Il avait rejoint Castel les milles marches afin de voyager encore, tout en peaufinant son art...
Comment imaginer quelle tournure les événements avaient pris en quelques jours? Kaÿr, son nouveau partenaire forcé, trouvé dans des tunnels nains sous la ville... Et maintenant une armée de Sekekers qui attaquera bientôt la ville...
Mais quel beau merd-

— « Cela aura vraiment été un retour bien riche en péripéties! A croire que le monde nous préparait son accueil ! » jubila Kaÿr en leurs fors intérieurs « Mais cela reste tout de même bien violent. La guerre n'entre pas vraiment dans nos occupations... »
Luridius, déjà perdu par les événements précédents, se sentit sombrer une fois de plus dans le désespoir...
— Et que peut-on faire, cette fois ? répondit Luridius, mon arbalète, même avec de la chance, ne pourra pas nous sauver de ces furies ! Il y a peut-être moyen de s’enfuir avec ma caravane de métal. Mais cela restera difficile... Surtout que je ne suis toujours pas guéri du poison que tu m'as fait avaler !
— « Bah... Nous sommes tout juste revenu, autant profiter encore un peu des réjouissances ! Et pour le poison, tu verras, la situation s'arrangera !
Tiens, il semblerait que notre camarade de fortune préfère se battre. De plus, Castel les milles marches reste tout de même notre ville ! Je ne peux décemment laisser ces sauvages la saccager impunément ! »
— J'avais entendu des histoires de Porteurs qui courraient volontairement à leur mort... Je comprends mieux pourquoi...
— « De quoi te plains tu ? Sans être encore mort de surcroît ! Nous essayerons de te garder en vie, pour te remercier de nous avoir trouvé. Mais ne geins pas trop. Notre patience a des limites ! Essaye plutôt de réfléchir à comment ralentir ces furies, et arranger le terrain de chasse. Tu es censé être inventeur, alors invente ! »
Luridius, abasourdi par la réponse par trop décontractée de Kaÿr, se demanda a quel point l'Arme se jouait de lui. Mais peu importait, il lui fallait trouver vite des idées afin de réduire le danger dans lequel il se trouvait... Il n'avait plus le choix...

— « Castel les milles marches reste notre cité ! » cria Kaÿr aux Faux. « Nous devons au moins faire payer à ces folles ce qu'il en coûte de l'attaquer!
Nous resterons, mais ne serons pas dans le gros de la bataille. Nous préférons chasser. Mais en attendant, pourrais-tu nous éclairer sur un point avant de risquer notre séparation? Nous recherchons un certain 'Légion', saurais-tu par où le trouver ? »

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Asbjörn
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16 mars 2016, 10:46

Si la puissance de la voix du Dieu Kaÿr avait quelque peu ébranlé Dieu Valarion, il n’en laissa rien paraître.
— « Aucune nécessité de hurler, je ne suis pas si loin… Et comment connais-tu Légion ? Existait-il déjà lorsque tu foulais le sol de cette ville ? » Il n’attendit pas de réponse avant de continuer. « Tellement de mystères entourent ce Dieu, je regrette encore aujourd’hui d’avoir laissé partir ces empaffés devant cette grotte… Je parle de ce sabre de cavalerie sans nom et de ce Dieu Mouleh l’accompagnant. Ils sont liés à ce Légion. Ils cherchaient l’abomination à cette époque, le Koglestrum… Le Kostumle…Le…Bref, un monstre qui était Porteur de Freïka la Maudite… C’est une histoire qu’il faudra que je te raconte si tu comptes m’accompagner. Je me souviens juste qu’à ce moment-là, ils cherchaient le frère jumeau de cette chose. Freïka avait peur, très peur d’eux, enfin, elle craignait surtout ce Légion ou tout du moins son courroux. Je ne me souviens plus vraiment du reste, le combat à venir était tellement excitant. Ça me reviendra. En parlant de combat, comptes tu leur jeter des pierres ou faire usage de ton lance brindille ? Vu leur nombre, ne pas être dans le gros de la bataille me parait être compliqué et surtout terriblement ennuyeux. »
Asbjörn quant à lui, restait silencieux et particulièrement concentré sur sa course.

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Luridius
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16 mars 2016, 11:10

— « Légion est celui qui nous a abandonné dans ce trou. Après tant de temps passé ensemble à construire, il nous a trahi ! » hurla Kaÿr. « Nous le chasserons, le retrouverons, et nous nous vengerons de ce mécréant ! »
Après une légère pause, il reprit moins violemment :
— « En attendant, nous avons une bataille à mener. Ces furies n'ont pas l'air très organisées, mais il existe toujours des leaders, des pièces plus importantes que d'autres. Voilà nos cibles. Nous comptons trouver et traquer chaque pion influençant le cours du combat. Ceux qui font preuve de capacité de commandement, d'organisation, ou de créativité face aux imprévus. Si possible, nous comptons chasser leur tête, aussi. Mais au milieu du flot d'ennemis, nous verrons ce qui sera possible. Vous avez l'air d'apprécier charcuter les masses, nous vous laisserons donc cette marée infâme ! »

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Asbjörn
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16 mars 2016, 14:34

Dieu Valarion ricana.
— « Ah ! Quand bien même le menu fretin me conviendrait si celui-ci présentait un défi à ma mesure, je ne me contenterai pas de te regarder couper les têtes de cette hydre vengeresse que sont ces furies. S’il y a des rois sur cet échiquier, je serai celui qui les materai. »
Le hors-venu esquissa un sourire et lâcha sur un ton empreint d’ironie :
— Encore faudrait-il que les pions ne massacrent pas l’ensemble de nos forces avant.
L'Arme Dieu continua en ignorant la remarque du piorad.
— « Comme tu l’as si bien fait remarquer Dieu Kaÿr, elles manquent d’organisation et ne doivent pas être familière du terrain. Elles sont habitués aux raids et aux guérillas à l’instar des guerriers du Nord. Mais les guerres et les combats de front seront sans doute leurs points faibles. Malheureusement nous n’aurons pas l’avantage du nombre et si les défenses ploient dès la première vague, ils défailliront. Nous devrons trouver un moyen d’affaiblir le moral de ces femmes avant qu’elles n’approchent des fortifications. »
Dieu Valarion resta silencieux quelques instants puis reprit d’un ton détaché :
— « Mais tu as piqué ma curiosité. Tu as connu ce Légion. Qu’avez-vous partagé ? Qui était-il ? Que faisiez-vous ? N’y vois pas là un quelconque signe d’admiration ou d’empathie mais j’aime connaitre mes frères et consœurs… Ennemis ou allié. »

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Luridius
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16 mars 2016, 15:33

— « Tu le connais au moins de nom. Nous avons partagé des moments dans le passé, mais nous avons surtout gardé son nom, pour lutter contre l'oubli par dessous les sols. Le monde a bien changé, depuis, lui aussi, surement. Nous aurons l'occasion d'en discuter en détails un peu plus tard. »
Kaÿr laissa filer une ou deux secondes, puis repris :
— « En attendant, concentrons nous sur les problèmes à courts-termes. Luridius est inventeur, il devrait avoir des idées d'ici peu pour la défense de la ville. Nous sommes moins doués quand il s'agit de moral. »
— Aurions nous des moyens de faire des pieux rapidement? demanda Luridius. En les mettant dans le trou plus ou moins rafistolé devant les portes, il devrait y avoir moyen de réduire leur nombre, non? De plus, si l'on arrive à les faire passer par les chemins voulus, on peut monter des pièges en masse! Et les chevaux ne sont pas très efficaces dans les zones de ville. Avec quelques morceaux de bois on peut bien les gêner! Rajoutons un ou deux composants alchimiques, en gaz par exemple, ou des explosifs... Nous avons pu profiter du gaz souterrain, peut-être pouvons-nous en tirer parti cette fois, non?
— « La chasse va être intéressante avec toi, Luridius! » glissa joyeusement l'Arme au Porteur.
— Combien d'hommes avez-vous a votre disposition? cria Luridius par dessus les bruits de la chevauchée. Et sont-ils bons pour tailler des pieux?

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18 mars 2016, 16:54

Asbjörn rigola nerveusement :
— Ils sont surtout bon pour se tailler au pieu... Nous n'avons qu'environ trois cent hommes et je ne pense pas qu'ils soient tous des soldats aguerris ni même soldats tout court. Ces salopes ne sont qu'à quelques heures de la ville ! Nous ne pourrons pas nous permettre de préparer plus de défenses élaborées. Soit nous trouvons un moyen pour temporiser encore un peu leur arrivée et espérer une venue miraculeuse de renfort, soit nous faisons directement face... Si tu dois trouver des idées inventeur, trouve nous une machine à réaliser les miracles. »
Dieu Valarion émis un rire rauque et s'écria:
— « Voyons ! Les miracles, ça n'existe pas ! »
Le piorad fit claquer à nouveau ses talons sur les flancs de sa monture qui renâcla sous l'effort. L'ombre de ces furies planait dans son dos et malgré son envie d'en découdre, il n'entrevoyait aucune issue victorieuse à ce conflit. Si la rage gardait son esprit affûté, la peur lui tiraillait l'estomac.
— Luridius ! Nous réunirons le bourgmestre et les marchands en arrivant pour leur expliquer la situation. Nous pourrons peut être éviter que les civils ne prennent part au combat. Je me chargerai de réunir nos troupes devant les portes, ils seront à ta disposition pour consolider nos défenses.

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Luridius
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18 mars 2016, 17:14

— Parfait! Mais même les civils pourront être utiles. Nous avons besoin de séparer les furies de leur chevaux, de réduire le nombre de chemins qu'elles pourront emprunter... Il va y avoir besoin du plus de mains possibles. Nous les réunirons et discuterons de la situation. Je n’espère pas un miracle, mais je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour réduire leur menace. Nous en discuterons avec les autres. Ainsi clôt Luridius, animé d'une sinistre détermination.

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01 avr. 2016, 16:37

Devant eux, à l’horizon, les Moires – O abstraction incarnée, d’une ère lyrique dépouillée d’organe – se dressaient comme une muraille ébréchée : le temps, agité, s’effritait, filait ; les furies se chargeraient de dévider et couper le fil des vies…
Cet endroit avait été beau et paisible. Avant.
Pour l’instant on dénombrait à Castel-les-Marches trois cents hommes en armes, et quelques-uns sachant les manier, en mesure de recevoir un ordre ; loin d’une vision de légion, une armée de calamités, un rassemblement sans fortune de pécheurs réconciliés défendrait la ville, résolu, quoi qu’il en coûte, au prix de leur héroïsme ; de leur vie aussi, mais en deux manières différentes.
L’ironie ne permettrait pas d’oublier le tragique, qui serait révélé dans une maigre consolation. Le destin de pions voués au sacrifice terrestre, offerts pour des enjeux divins dont ils ignoraient par chance jusqu’aux règles.
Sekekers et pis-aller va-t-en-guerre, des deux camps, ils regarderaient comme un miracle vers cette puissance du saint prédicateur, lui, elle, Dieu, qui faisait qu’il était compris de ses auditeurs quoique leur parlant un idiome étranger. Leurs discours pouvaient amener un massacre. Il aurait lieu.
L’obsession –– de se venger –– de protéger –– d’honorer –– pour seule allégeance…
Les cadavres traumatisés dénombreraient les morts.
Le temps arrangera tout et les coquelicots sèmeront de nouvelles vies. Après.
Par chance, il n’en serait pas question.

FIN DE L'ENTRE-TEMPS
– Jusqu’à la semaine dernière…

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