(au conditionnel.)
Si jusqu'à présent, au gré de mes histoires, vous aviez par usage l'habitude d'interpréter un Protagoniste dans un récit à la temporalité contemporaine, parfois avec une date, parfois jouant sur l'accord tacite de l'indéfini mais sous-entendant moderne, cela ne sera pas le cas pour Mais c'est à vous que je pensais – et son appendice (Hors-scène·Seconds rôles).
Lors de la conception de votre alter ego, je vous glissais comme seule consigne, en plus d'être des Messieurs-Dames Tout-le-Monde, une exigence de taille : « aucun rapport à une chronologie existante, ni date ni époque ni fait historique, reste flou », je précisais qu'il ne sagissait pas d'un caprice et que vous en auriez bien vite la raison.
La voici – et spoiler par la même occasion pour le troisième tome du cycle Les Chroniques de Providence – Tales of The Divine City : 38 années se sont écoulées depuis Je suis Providence, 38 ans et 4 mois si l'on veut jouer d'une balance de précision ; cela nous amène, pour vous qui aviez comme rapport – à la différence des romans – le mois d'Avril 2014, à Août 2052...
2052, ce n'est pas si loin finalement comme Futur, si ? (Qui osera aller rendre visite avec son Protagoniste à son ancien et vieillissant autre Protagoniste, pour peu qu'il soit encore vivant, pour peu...) Le fait est que même si un petit bond de 38 années n'est pas exactement la même chose qu'un de 3 siècles en hyperpropulsion vitesse lumière à 141,61928 km/h direction une base lunaire infestée de zombies nazis, nous restons tout de même à défaut de science-fiction dans un Futur d'anticipation.
Il (me) faut (vous) le définir ce contexte, (vous) l'imager, d'autant plus si nous voulons que la mécanique d'écriture fonctionne, car vous n'êtes pas de simples Lecteurs.
Alors quel temps (!) fait-il sur Providence, dans le Monde, 38 années après Je suis Providence ?
On s'en moque, ou presque.
Presque tous les futurologues, et j'en suis, s'accordent pour dire que, sauf catastrophe planétaire venant bousculer l'ordre et les rapports établis (sociaux, antropologiques, institutionnels ou « corporate »), le Futur d'anticipation, immédiat, ne sera pas si différent de notre époque.
Elles sont loin lesdites révolutionnaires changeant à jamais la face du monde et des usages, du moins pas encore d'actualité...
Donc, non, je suis sincèrement désolé, mais pas de « Tomorrowland ». Même si vous trouverez forcément des liens sur G. d'Alphabet Inc (l'une des plus puissantes corporations
Cela m'amène à l'une des oeuvres de référence que je voulais citer dans le quatrième de couverture, pour son esthétisme dans cette vision du futur : « Looper », de Rian Johnson. (Je vous laisse le voir, faire vos recherches, en discuter.)
Si naturellement toute son histoire de boucle temporelle à boucler n'est pas à prendre en considération pour la nôtre, vous pouvez parfaitement considérer comme acquis la représentation de son élégance appuyant sur une dystopie pourrissante de notre société sombre, de ses valeurs et repères, profondément bouleversée du point de vue sociologique. Les castes ne sont qu'exacerbées, les ouvriers besognent, les fermiers cultivent – ou essayent –, les riches le sont, les pauvres rampent et crèvent, les dépravés jouissent... La décadence est de rigueur. Rien n'a changé, ou si peu, le Futur (se) consomme pour mieux se perdre ou survivre. Retour (nous en sommes-nous déjà éloignés ?) à la ruine et la rouille. L'obsolescence de l'humanité d'une certaine manière. (Oui, je le concède, ma vision de nôtre Futur n'est pas violette, pas plus que celle du Présent.)
Il est également possible de faire le rapprochement avec les esthétiques de films comme « Inception », « Akira », « District 9 », « Elysium », « Dark City », ou d'autres. Même certaines premières bases très édulcorées de « C.O.P.S » ou « Shadowrun » pour les rôlistes.
Les champs lexicaux des mots et leurs usages resteront surtout les mêmes ; une voiture reste une voiture, peu importe à quoi elle carbure et la forme qu'elle peut avoir. Même chose pour ce qui est d'appeler quelqu'un pour le contacter, on se moque bien de savoir si ce sont vos lunettes qui vous permettent de passer cet appel, une puce injectée dans le larynx, ou si vous le faites avec votre Nokia 3310 (qui fonctionne toujours !). Hormis révolution bionanotechnologique (non !) vous devrez toujours vous nourrir, tout comme pisser devrait avoir la même couleur qu'aujourd'hui, sauf traumatisme...
Par ailleurs, et en guise de conclusion, j'insisterai de toute façon sur une subtilité qui nous lie : si vous êtes coauteurs, et de ce fait maîtres de vos interprétations et écrits pour vos Protagonistes, je suis, serai et reste le seul Auteur scénariste (notez comme je glisse de nouveau la majuscule) de Mais c'est à vous que je pensais (Hors-scène·Seconds rôles), de son univers, cadre, temporalité. Par conséquent, le seul autorisé à user de termes peu ou non conventionnels pour décrire un usage qui ne vous l'est pas, accentuant de ce fait sur l'anormalité pour vos Protagonistes. Vous comprenez la subtilité ?
Alors avis aux fervents additionneurs inspirés, comme j'aime à les appeler, adeptes des envolées stylistiques, soyez sobres, terre à terre, et en aucun cas trop inventifs. Restez bien dans votre rôle, celui de messieurs-dames Tout-le-Monde, vous aurez tant et tellement à faire soyez-en assurés.
Nous allons beaucoup nous amuser. Beaucoup.
Puis, de toute façon, une légère subtilité devrait vous contraindre... simple sadisme syntaxique.
Graou de barbe,