Prologue .u – N'oubliez pas votre brosse à dents, Agent !

9 personnes disparues, sans laisser de traces, sans violences, sans signes distinctifs ; l'absence de modus operandi pour seul lien et cette tristement rendue célèbre N70, « Daemon Road ». Le département des sciences du comportement (BAU / Behavioral Analysis Unit), une division du FBI, appelé en renfort par un Shérif et un Marshall dépassés par les évènements, tournés en ridicule par ces hyènes, ou vautours allez savoir, rongeant le moindre détail sordide, au nom de la liberté de la presse...
Cet été 2012, dans la réserve indienne de San Carlos, Arizona, il faisait chaud, vraiment chaud ; on crevait de soif à vrai dire même…

[Joseph Conrad a dit : « La croyance en une origine surnaturelle du mal n'est pas nécessaire. Les hommes sont à eux seuls capables des pires atrocités. »]

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uaervaftnecniv
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PROLOGUE .u

(N'oubliez pas votre brosse à dents, Agent !)
Banlieue de Washington D.C. – 8 Août 2012, 09:00 AM

Le téléphone portable sonna.
Une seule tonalité, réponse immédiate.
La voix de l'homme, jeune, dynamique, chantant chaque signe de ponctuation, débita :
— Agent Moals, bonjour. Joseph Hearn, agent de liaison pour l'Unité d'Analyse Comportementale du FBI. Désormais vous êtes attaché à notre département du BAU. Il s'agit d'un ordre de mission prioritaire pour lequel votre nom a été fait mention.
» Je suis sincèrement désolé, Agent Moals, d'être l'intermédiaire venant bousculer votre emploi du temps. Mais nos services administratifs et logistiques ont semblent-ils été pris de court dans la nuit. Soyez assuré que je m'emploie, personnellement, à régler les contre-temps que ces changements vont occasionner.
» Une voiture vous attend avec deux de nos agents, ils vont vous aider à réunir vos affaires et vous conduiront jusqu'à votre équipe pour le briefing ; je vous y retrouverai.
» Agent Moals, êtes-vous toujours là ?
Il était toujours là. Son premier jour de repos, il était encore là. Parcourant d'un oeil fier la Une du journal « "Le Joueur" mis en échec ! », à la recherche de la mention « grâce au profil tracé de l'Agent Moals, FBI, aussi efficace que rapide dans ses conclusions […] ayant permis l'arrestation de ce dangereux meurtrier […] avant qu'il n'étrangle sa cinquième victime ». Un sourire de satisfaction dévoila sa parfaite dentition, et laissa échapper un peu de lait de son bol de céréales qu'il venait d'entamer.
— Oui, oui, je suis toujours là. Puis-je connaître les premiers éléments du dossier ? Faisons plus simple : faites-les moi suivre sur mon mail, pour que je puisse ne pas perdre une minute en les étudiant dans la voiture.
— Je suis sincèrement désolé, Agent Moals, mais je ne suis pas autorisé à vous apporter plus d'indications pour le moment. Nous nous retrouverons à l'aéroport. Monsieur, si vous le permettez c'est un véritable honneur de travailler avec vous.
La communication se coupa.

Premier appel terminé.




L'Agent Delaware ouvrit la porte aux deux agents du FBI sitôt leur véhicule stationné devant sa boite aux lettres. Le journal y dépassait, il leur fit un geste amical pour que l'un d'eux le prenne au passage.
— Désolé Tom, adressa-t-il à son voisin, mais il faudra une fois encore reporter pour le barbecue de ce week-end ; le travail, toujours le travail.
Tom, le voisin, sa tondeuse à gazon en main lui rendit son salut et répondit une plaisanterie sur la pauvre Linda, fraichement divorcée, qui se devrait d'attendre une fois encore pour le rencontrer ; clin d'oeil à l'appui.
L'Agent Moals salua les deux agents d'une main, et récupéra son journal de l'autre, le téléphone portable coincé dans le cou.
— C'est noté Agent Hearn, les collègues viennent tout juste d'arriver, répondit-il avec enthousiasme. Je leur sers un jus d'orange, et nous arrivons.
— Nous nous retrouverons à l'aéroport. Monsieur, si vous le permettez c'est un véritable honneur de travailler avec vous.
La communication se coupa.

Second appel terminé.




— Heu …
— Agent Davis Jr. ?
— … Oui oui, toujours là, répondit-il, en se massant la tempe avec le canon de son arme de service. Juste dans mes pensées… Faut dire que vous le récitez à vive allure votre dialogue, Hearn. Je suis le combien sur votre liste de prospects ? D'ailleurs, permettez que je vous appelle Hearn ? De toute façon, je suis toujours OK pour Quantico.
« Surtout que je n'y ai jamais postulé », pensa l'Agent Davis.
— Par contre, vous penserez à arroser mon ficus durant mon absence. Je lui ai donné un petit nom, Georges. Car voyez vous, c'est un ficus …
— Un ficus benjamina, ou figuier pleureur, coupa l'Agent Hearn, dont le sourire fut perceptible. Un jeu de mot sur nos Pères fondateurs, vous-même vous prénommant Washington. J'ai relevé le trait d'humour, Wash. Permettez que je vous surnomme Wash ?
— OK… par contre, ça perd de son ressort comique si c'est vous qui expliquez la plaisanterie, Hearn.
— Nous nous retrouverons à l'aéroport. Monsieur, si vous le permettez c'est un véritable honneur de travailler avec vous.
La communication se coupa.

Troisième appel terminé.





— Je n'ai pas besoin d'aide pour préparer mes affaires, merci, grommela le préretraité. Ce qui me serait plus utile en revanche serait de savoir où on va, et combien de temps surtout. Car j'ai des cours et trois conférences à assurer voyez-vous moi. Mais pour cela non plus je présume que vous ne me répondrez pas.
L'Agent Poehler, Dr. Dennis Poehler, coupa l'appel.

Quatrième appel, et dernier appel, terminé.

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(N'oubliez pas votre brosse à dents, Agent !)
« Oui, tout est Néant
Passage, vapeur, silence
Cependant. »
 — Kabayashi Issa

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