[Aide] Londres au quotidien

La prise de note est collaborative, imaginative et créative ; chaque Conteur, et ses Protagonistes, utilisent leur propre système d'annotations pour se comprendre et définir leur Histoire. Des aides précieuses, à travers des informations précises (cadre historique, trombinoscope, plans, etc.) annotées dans une marge fictive, en vue de mieux s'immerger dans l'histoire, la vôtre.

Conteur : Dr Stapelton

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Dr Stapelton
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19 juil. 2016, 13:03

Hiver 1890, l’écho des fêtes de la noël et du nouvel an s’estompait tout juste. L’intense activité londonienne à peine ralentie avait repris de plus belle. Comme à leur habitude, rues et avenues de la capitale se voyaient envahies par la foule, cabs, tramways et autres omnibus. Tels de mini geyser, les volutes blanches du met sortent du sol à intervalles réguliers signalant le passage des rames de l’Inner Circle. Ce dernier spectacle ferait-il un jour parti de l’histoire ? C’est en tout les cas ce que pensaient la plupart des Londoniens à la veille de l’inauguration de la City and South London Railway, la première ligne entièrement électrique du métropolitain entrée en service le quatre novembre dernier.

La météorologie clémente, les températures ne descendaient guère en dessous des cinquante degrés fahrenheit, même la nuit, avait pour conséquence l’omniprésence du smog porteur de miasmes. Ce dernier était fréquemment présent sur la capitale, au grand déplaisir de ses habitants, mais jamais à ce point. Les becs de gaz et ses rivales de la fée électrique qui avaient commencé à les remplacer, avait bien du mal à remplir leur office. Le pas des piétons se faisaient vif, les cols se relevaient et les quintes de toux n’étaient pas rares. Avec lui c’était aussi le retour de la peur ; les rues les plus sordides de Londres bruissaient de rumeurs. La moindre découverte d’un cadavre de femme, faisait ressurgir le spectre de celui que personne n’avait oublié. La presse en faisait ses choux gras pendant que la police devait rasséréner une partie de la population sur les nerfs.

En parlant de la presse, les rotatives de Fleet Street fonctionnaient à plein régime. L’abrogation de la taxe sur les journaux quelque trente cinq ans plus tôt avait favorisé le développement de nombreux quotidiens régionaux et locaux aux côtés des quelques grands titres nationaux. Le quatre janvier vit même la naissance du Daily Graphic, le premier quotidien entièrement illustré du Royaume-Uni, calqué sur son grand frère américain. C’était donc des cohortes de jeunes vendeurs qui, deux fois par jour, s’éparpillaient à travers les artères de la ville, hurlant à qui mieux mieux les gros titres pour vendre leurs journaux à un penny.

Passées les rues et avenues abritant les « fiefs » de la noblesse et de la haute bourgeoisie, de plus en plus nombreuse, essentiellement fréquentées par des personnes de l’upper class, et celles du quartier de la City, par les hommes d’affaires, le reste de la cité étaient envahi d’enfants de tout âge. La plupart sans famille, garçons et filles vivotaient de la vente de menus objets. Cigarettes, allumettes et boissons citronnées faisaient partie des produits plébiscités de même que les fleurs dans les quartiers des théâtres et autres lieux de sorties. Ces enfants, dont la rue était leur domaine, sont en général mal vus du fait des chapardages dont nombre d’entre eux se montrent coupable. Qui plus est, leur souplesse et leur petite taille leur valait souvent « l’opportunité » de se retrouver embrigadés dans des bandes capables de mettre en coupes réglées certaines parties de la capitale.

Théâtre, cabarets et autres estaminets offrent aux londoniens curieux de se divertir ou de se cultiver un vaste choix, avec lequel seule la ville de Paris serait capable de rivaliser. Les concerts de musique classique et les adaptations de William Shakespeare, qui tiennent le haut du panier côtoient des pièces plus légères pour beaucoup adaptées des quartiers les plus chauds de la capitale française. En ce début d’année, il faut également compter avec L’adaptation de la Belle et la Bête part Mrs Augustus Harris et W. Yardley présentant Paul John Merrit dans le rôle-titre. The Bride of Lammermoor de Sir Walter Scott adaptée par Henry Irving et Richard III adapté par Richard Mansfield connaissent entre autre un vif succès.

Pour ceux plus casaniers ou ne désirant frayer que parmi leurs paires, les nombreux clubs londoniens sont un incontournable. Unique au monde, strictement réservés à leurs membres, rejetant fermement toute idée d’accueillir des femmes, ils offrent tout le confort désiré, logement inclus pour certains d’entre eux. Tout homme voulant se prévaloir d’une certaine position sociale, se doit d’être membre de l’un ou l’autre de ces établissements. Il leur faut souvent se faire coopter, et la plupart du temps respecter certaines conditions comme avoir étudié dans les universités de Cambridge ou d’Oxford pour l’Oxford et Cambridge Club. Il est également nécessaire de s’acquitter d’une cotisation, souvent onéreuse, en général perçue pour une année entière. L’Athenaeum, le Boodle’s, le Reform Club et l’Oxford & Cambridge Club font partis des plus huppés. Le mystérieux Diogene’s Club est également souvent cité. Il a ceci de particulier qu’on en connait ni les membres, ni les conditions d’admissions.

Pour les plus aventureux, ou les plus libidineux, le quartier de Whitechapel reste un incontournable. Les femmes de petites vertus continuent d’y vendre leurs charmes pour des sommes dérisoires en espérant réunir de quoi passer la nuit dans les vastes « hôtels » louant de minuscules chambres crasseuses à la nuit en compagnie d’un mauvais vin. Sans rechercher des faveurs sexuelles, c’est également un des meilleurs endroits où s’encanailler dans les pubs plus ou moins louches qui s’enquillent les uns derrières les autres.

Les plaisirs interdits se pratiquent un peu partout, toujours dans la plus grande discrétion. Si l’amour entre femmes n’est ni reconnu ni pénalisé, il n’en est pas de même pour les relations entre hommes. La peine de mort pour sodomie fut tout de même abolie… en 1861 (sic) ; les actes sexuels entre hommes restent néanmoins illégaux et sont passibles de peines d’emprisonnement. Le Criminal Law Amendment Act voté en 1885 étendra même la législation anti-sodomie à toutes les pratiques sexuelles entre hommes.

Quant aux drogues, d’un usage relativement répandu, nous noterons celui des opiacées, fumés et surtout via des décoctions telles que le laudanum ainsi que de la cocaïne. Comme avec l’alcool quelques années plus tard aux Etats-Unis, leur consommation est diversement appréciée selon de quel côté l’on se trouve. Considérée comme une addiction si vous faite partie des plus basses classes, elle ne sera considérée que comme une simple habitude dans les classes moyennes et supérieures. Il est à noter que les préparations à base d’opium ciblaient surtout les femmes, prescrites par les médecins pour soigner des problèmes intimes ou « leur vapeurs » qui inclus l’hystérie, la dépression et les évanouissements. Les enfants auront également le droit à leurs décoctions, appelée amies de la maman, à base d’opium, d’eau et de mélasse pour calmer les chérubins trop agités et soigner leurs coliques, leurs hoquets et leurs toux. Inutile de dire que ces mixtures seront pour femmes comme enfants, la cause de bien des décès.

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